Les cégépiens choisissent la voie électronique

VICTORIAVILLE. Les étudiants du cégep de Victoriaville se prononceront, jeudi et vendredi, en faveur ou non d’une levée de cours le 1er mai. Ils voteront par voie électronique à l’occasion d’un référendum s’échelonnant sur deux jours, jeudi et vendredi.

C’est ce qu’ont décidé les cégépiens réunis, mercredi, en assemblée générale extraordinaire dans le gymnase de l’établissement.

La levée de cours envisagée vise à permettre aux étudiants intéressés de participer à la manifestation contre les mesures d’austérité du gouvernement libéral de Philippe Couillard, a expliqué, au départ, le président de l’Association des étudiantes et étudiants du cégep de Victoriaville, Vincent Boisclair.

Dès le début de l’assemblée, ce n’est pas la question de la levée de cours qui a suscité la discussion, mais plutôt l’interdiction pour le journaliste du www.lanouvelle.net de filmer ou de prendre des photos pendant l’assemblée.

Un étudiant a fait valoir que le travail du journaliste pourrait empêcher certains élèves de s’exprimer librement. Les étudiants ont approuvé la proposition.

Le président de l’assemblée a, par la suite, expliqué les options qui s’offraient aux étudiants pour décider ou non d’une levée de cours, c’est-à-dire un vote sur place à main levée, un vote secret ou encore un vote référendaire version papier ou par voie électronique.

Prenant la parole, une étudiante a fait valoir qu’il s’agissait d’un moment important pour les futurs citoyens que sont les cégépiens. «C’est le seul moment que nous avons pour discuter de la question. Ce n’est pas à banaliser, a-t-elle dit. Qu’on soit pour ou contre la levée de cours, profitons au maximum de cette heure pour échanger», a-t-elle dit,

Une autre élève a exprimé sa préférence pour un vote lors de l’assemblée. «Ce serait dommage de briser, par un vote électronique, le front commun qu’on a ici», a-t-elle exprimé.

Un étudiant, lui, a exposé une opinion contraire, favorisant la voie électronique. «L’assemblée générale représente tous les étudiants, même ceux qui n’ont pu s’y présenter. L’option électronique permet à tous de se prononcer», a-t-il noté.

Certains ont fait preuve d’humour, l’un d’eux a fait savoir sa préférence pour un vote immédiat «puisque les séries commencent».

On a donc tenu un vote sur la proposition du référendum. Le président de l’assemblée a d’abord annoncé le rejet de la proposition avant qu’un recomptage soit demandé et effectué, une opération qui a confirmé un vote par voie référendaire.

Pendant un bon moment également, on a débattu de la question d’un appel sur la décision rendue par le président d’assemblée. L’appel a finalement été rejeté par une majorité d’élèves.

Une autre proposition a ensuite été mise sur la table pour une plénière, une période d’échange de 25 minutes souhaitée par certains pour discuter de la question. «Je suggère plutôt de limiter la plénière à 15 minutes, car ces temps-ci, les étudiants ont d’autres choses à faire», a lancé un autre étudiant.

S’amenant au micro, une autre étudiante a suggéré l’imposition d’un huis clos, proposition qui n’a pas été retenue.

En fin d’assemblée, les échanges ont porté sur un référendum par un vote sur papier ou par voie électronique.

Plusieurs ont milité pour le vote électronique, meilleur pour l’environnement et pour joindre les étudiants.

D’autres préféraient un vote papier, un étudiant souhaitant ainsi éviter le piratage électronique.

Malgré la confusion attribuable à de nombreuses procédures qui ont marqué l’assemblée, l’AGEECV se réjouit de la participation élevée de quelque 450 étudiants.

Les étudiants à Victoriaville, note l’Association étudiante, sont préoccupés par les coupures du gouvernement actuel qui remettent en question

Les acquis sociaux. «Les compressions dans notre Cégep, de l’ordre de 535 000$, portent atteinte au développement de notre institution», affirme le président de l’organisation, Vincent Boisclair.

Opinions contraires

Les avis divergent dans la population étudiante au sujet de la possible levée de cours.

Un étudiant, qui préfère garder l’anonymat, reconnaît le droit de manifester. «Mais mon problème vient du fait qu’on pénalise une majorité d’élèves qui veut étudier. Cela ne veut toutefois pas dire qu’ils sont détachés du mouvement contre l’austérité. C’est qu’ils prennent en main leur devoir de citoyen, celui d’étudier», a confié le jeune homme à qui on a lancé une bouteille après son passage au micro.

«On peut s’attendre à ce qu’il y ait des têtes brûlées, mais il y en a des deux côtés», a-t-il dit au sujet de l’incident.

Autre son de cloche, cette fois, du côté de Sarah Beaudoin, une finissante en sciences humaines, profil individu, qui se dit en faveur d’une levée de cours le 1er mai, d’autant que cela n’affecterait pas les étudiants et leur stage, notamment.

La manifestation revêt un caractère important, selon elle. «C’est important d’aller dire notre opposition pour mettre un poids et être apte à contrecarrer les mesures du gouvernement», a-t-elle confié.

Sarah Beaudoin aurait toutefois préféré que les étudiants se prononcent au cours de l’assemblée. «Personnellement, je ne suis pas satisfaite du vote référendaire parce que nous pouvions tous être présents à l’assemblée, les cours et activités avaient été annulés. Même que tout avait été aussi prévu pour un vote secret», a conclu l’étudiante.